Ce soir, dans le cadre des semaines d’informations sur la santé mentale, je devais parler du projet que je réalise actuellement au sein de l’hôpital de jour L’Oasis de Saint-Maximin. A défaut de pouvoir présenter le projet lors de cette exposition, et d’en parler verbalement, j’ai décidé de vous le décrire pour que ce projet puisse encore grandir.

Le projet « L’Autre Regard » est né il y a déjà 6 ans, lors d’un travail de reportage et de portrait au sein de l’IME de la Roque d’Anthéron. Mettre en lumière ces enfants en situation de handicap et le personnel encadrant me paraissait essentiel. Aussi, lors des premières expositions, entendre les retours m’ont convaincu de le poursuivre et, même, de le porter plus haut.

Aujourd’hui, c’est donc à l’hôpital de jour de Saint-Maximin que je viens poser ma lumière. L’argent est toujours ce qui va manquer pour que le projet existe dans la matière. Effectivement, je vais bénévolement réaliser le reportage et les portraits. J’ai pu, un temps, offrir les tirages aux familles. Aujourd’hui, je ne le peux plus et ne le souhaite plus. Pas par manque de générosité, mais parce que ce travail me parait essentiel, et qu’il apporte beaucoup aux familles, aux équipes et au monde extérieur au handicap. J’ai fait le choix de travailler en grande partie pour ce type de projet. De plus, est-ce que le Handicap peut prétendre uniquement à du gratuit ? Pourquoi ne bénéficierait-il pas d’un travail rémunéré, d’autant que ce sujet le mérite largement. Mais tout ceci est un autre débat. La réalité est que nous cherchons avec l’équipe encadrante et soignante, des fonds pour décorer les espaces de l’Oasis avec ces portraits, mais aussi et surtout, pour construire une exposition qui vivra hors les murs. C’était une de mes missions de ce soir : montrer les premières images réalisées pour valoriser le projet et convaincre les donateurs potentiels 😉

Pourquoi réaliser ce reportage ?

  • Pour les familles et les enfants

Autour des instituts spécialisés, des murs existent. Il y a bien sur les murs physiques pour protéger les enfants et/ou adultes et les empêcher de sortir. Cependant, ces murs sont, malheureusement, encore aujourd’hui psychologiques et intellectuels. Que se passe t-il derrière ces murs ?

Tous les parents souhaitent savoir ce que leurs enfants vivent dans leur journée. Mais voilà, avec un enfant en situation de handicap, le verbal n’est pas toujours en place, et l’enfant n’a pas toujours la capacité de raconter ce qui a été fait dans sa journée. Il y a bien sûr parfois les retours des accompagnants, mais cela reste limité.

Réaliser un reportage permet aux familles de découvrir la vie de leurs enfants au sein de l’Institut. Des sourires, des activités, des regards, les temps de repas, de repos, etc.

Lors de ce reportage, les enfants se sont sentis considérés différemment. Ils sont évidement, en général, au centre de tout avec les encadrants, mais là, je ne leur demande rien hormis d’être.

  • Pour le personnel encadrant et soignant

Le personnel encadrant et soignant vivent, eux aussi, derrière ces murs physiques et psychologiques. Vous savez, ceux, derrière lesquels on ne sait pas vraiment ce qu’il se passe, et finalement peu importe. Ceux aussi construit pour que surtout tout reste bien caché. Ce personnel vit donc aussi caché que ce soit leur travail ou encore leur engagement. Un reportage permet, par conséquent, de faire sortir tous ces gestes, et de les valoriser eux, dans ce qu’ils sont et font. Un reportage dans une institution, quelqu’elle soit, c’est une manière de dire merci et de rappeler que leur travail est essentiel. Sans eux, tout serait encore plus compliqué. Et pour moi cette gratitude me parait évidente et importante.

  • Pour « dehors »

Voir toute la magie qui s’opère dans ces lieux inconnus, faire tomber les murs et les barrières que l’on érige face au handicap, à la différence. Ces images permettent de valoriser ceux que l’on ne voit pas, que l’on ne voit plus, ou que l’on ne veut pas voir. Et nous ne les voyons pas avec un regard négatif, mais avec ce regard de l’authenticité, de l’instant, de leur énergie à eux, et de tout ce que, ceux qui travaillent avec la différence, créent.

Pourquoi réaliser un portrait pour chacun des enfants ?

  • Pour la valorisation de soi

Un temps de portrait c’est un temps magique. Je ne suis là que pour l’enfant. Cet espace réduit, cette lumière posée sur leur être. Je ne leur demande rien, rien de particulier. Ils sont devant l’objectif ce qu’ils ont envie d’être. Le lien existe, invisible ou non, leur présence est là, forte de leur regard. Ils sont bien installés devant mon objectif, une belle énergie nous unie, et je dirais qu’une partie d’eux se révèle.

  • Pour communiquer vers l’extérieur

Les portraits, comme le reportage, servent à communiquer vers l’extérieur. Ces photos peuvent servir à valoriser l’institution, le handicap., etc. Ces photos servent à changer le regard sur la différence, à ce que chacun (re)trouve une place personnelle et sociale.

Une sensibilisation et un Autre regard.

Recherche de fonds

Je devais présenter le projet ce soir pour chercher des fonds. Ces fonds serviraient à financer  :

  • Le papier peint qui servirait de déco dans les couloirs de l’Oasis : quoi de plus chouette que de ne plus avoir un mur tout blanc dans ce couloir. Les enfants pouvant décrocher facilement les tableaux et se blesser avec, nous avons pensé au papier peint. Comme une fresque, dont ils seraient les héros. Alors oui, il y a du mouvement tant au niveau de personnel que des enfants, donc l’idée n’est pas de mettre en valeur seulement les individus dans ce qu’ils sont sur cette fresque, mais vraiment la vie là-bas, et toute l’énergie qui en dégage.
  • Des tirages, en finition Singapour (tirage laminé sur bois), qui permettraient de créer une exposition itinérante, autour de Saint-Maximin et ailleurs aussi. Pour que les regards changent, pour que les enfants soient valorisés ainsi que les équipes soignantes et encadrantes. Pour le lien que peut créer une exposition, etc.
  • Pour soutenir des projets pédagogiques autour de ce travail photographique.

 

Ce projet n’est pas fini, d’autres images de reportage devraient voir le jour, mais je souhaitais déjà le présenter ici, en attendant qu’il soit à nouveau possible de le présenter devant un public.

 

Prenez soin de vous et des autres 

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